Quelques semaines seulement après la rentrée des classes, les habitudes reprennent le dessus au niveau des établissements scolaires. Les cours de soutien font désormais partie de ces us qui accompagnent chaque année la rentrée scolaire.
Et si dans un passé récent, les cours de soutien étaient réservés aux élèves des classes d’examen, aujourd’hui, dès la première difficulté d’assimilation en classe, élèves et parents y ont recours. L’offre touche en effet tous les niveaux et tous les cycles scolaires, et les cours abordent toutes les matières. Ils sont par ailleurs dispensés toute l’année scolaire, et pas uniquement à l’approche des périodes d’examen. « Je préfère que mes enfants assimilent progressivement leurs leçons, et les cours supplémentaires sont désormais le seul moyen pour y parvenir. Certes, cela coûte cher, mais à l’école, avec les programmes si chargés, cela devient de plus en plus difficiles pour les enfants de suivre », explique une mère de famille dont les trois enfants, scolarisés dans une école primaire du chef-lieu de la commune de Mekla, sont inscrits à des cours de soutien. D’ores et déjà, les enseignants donnent rendez-vous à leurs élèves, tous les week-ends, pour leur inculquer le savoir qu’ils n’ont pas réussi à leur faire assimiler durant la semaine. Car, faut-il le préciser, dans la majorité des cas, la mission est accomplie par les mêmes professeurs qui enseignent au niveau des écoles. Ces derniers n’hésitent pas à réclamer des sommes démesurées comparées à la qualité des cours prodigués et aux conditions dans lesquelles les élèves sont reçus. En plus des lieux mal choisis, se résumant à des garages et autres locaux sans aucune commodité, le nombre des élèves pris en charge dépasse tout bon sens, moral ou pédagogique. Fini le temps lointain où chaque enseignant prenait sous son aile quatre à cinq élèves, chez lui ou dans une des salles de l’établissement scolaire. Un cadre de travail qui n’a plus cours depuis très longtemps déjà. Place à l’entassement des élèves dans les locaux inadéquats. L’exemple à citer est un local dans la daïra d’Azazga où l’enseignant accueille plus 200 élèves à chaque fin de semaine. C’est devenu un commerce et un business. Si certains réclament entre six cents et huit cents dinars par mois, d’autres n’hésitent pas à dépasser la barre des mille dinars, dans une totale impunité. Il s’agit là en effet d’un commerce illégal, puisque aucune réglementation ne le régit. On ne peut, de ce fait, pas déterminer avec exactitude le nombre de ces enseignants qui monnayent leurs services, mais ils sont bien nombreux. Et les victimes demeurent bien évidement les parents qui paient le pris fort. « J’ai deux enfants, l’un en cinquième, et l’aîné en 3 AM. Même si ce dernier trouve des difficultés en mathématiques, j’ai préféré, faute de moyens, n’inscrire que le petit qui a un examen en fin de l’année », nous confiera un fonctionnaire. Quant aux premiers concernés, c’est-à-dire les élèves, comptant sur ces cours de soutien dont tout le monde parle, ils ne se donnent même plus la peine de faire des efforts en classe. Car sinon, comment expliquer qu’un élève qui ne parvient pas à assimiler en classe, y arriverait dans les pires conditions pédagogiques ? Cette mode des cours de soutien s’est vite répandue dans toutes les communes de la wilaya. Par ailleurs, aussi bien dans les villes que dans les villages, de nouveaux licenciés s’improvisent enseignants. On ne sait avec exactitude le nombre de ces enseignants qui monnayent leurs services, mais ils sont nombreux et leur nombre ne cesse de grandir.