Les lycées ont été paralysés hier au niveau national à hauteur de 90%, selon le Cnapest. Les autres paliers ont connu un taux de suivi de moindre importance. La grève est censée se poursuivre aujourd’hui. Le syndicat des enseignants a estimé que le ministère de l’Education nationale se livrait à «une grossière manipulation» et a déclaré que la fin de la grève sera conditionnée par l’ouverture d’un dialogue «sérieux et constructif».
La grève est censée se poursuivre, aujourd’hui, dans de nombreux établissements scolaires du pays. A l’appel du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), un débrayage a été enclenché, hier, sur l’ensemble du territoire national.
Le mot d’ordre a largement été suivi dans les lycées et, dans une moindre mesure, dans les collèges et écoles primaires. «Les estimations du suivi de la grève pour la première journée sont assez satisfaisantes. Le mouvement de contestation a été observé, à l’échelle nationale, à une moyenne de 85 à 90% pour les lycées. Quant aux autres paliers, les moyennes nationales sont de 20% pour les CEM et 10% pour le primaire», affirme Larbi Nouar, coordinateur du Cnapest. «Dans certaines wilayas le taux de suivi a avoisiné les 100% dans les lycées, à l’instar de Souk Ahras qui a enregistré un suivi de 95%», ajoute-t-il.
Les enseignants du Cnapest entendent ainsi aboutir à un amendement du statut particulier des travailleurs du secteur, que les syndicats jugent «discriminatoire et truffé de dysfonctionnements», et ce, en sus d’autres revendications socioprofessionnelles. «Nous avons, conformément à la loi, déposé un préavis de 8 jours avant la grève afin de permettre à la tutelle, le ministère de l’Education nationale donc, d’ouvrir des négociations concernant les points cités dans ce préavis, et ce, afin d’assainir la situation et éviter le blocage. Nous attendons, jusqu’à l’heure, une telle invitation», déplore M. Nouar.
«Grossière manipulation»
Le ministère a pourtant fait savoir, dans un communiqué rendu public à la veille de la grève, que «le chef de cabinet du ministre de l’Education nationale, Abdelmadjid Hedouès, a reçu, dimanche, les représentants des syndicats agréés pour écouter les préoccupations des partenaires sociaux et promouvoir le dialogue autour de questions socioprofessionnelles». «Les partenaires ont examiné plusieurs questions d’intérêt commun, dont les statuts particuliers des travailleurs des corps spécifiques de l’éducation et les dossiers relatifs à la médecine du travail, au logement et à la prime de zone», est-il poursuivi dans le document.
Cette réunion n’est, pour le Cnapest, qu’une «grossière manipulation». «Cela est tout simplement malsain. Cette rencontre n’était qu’une réunion d’information et non pas de conciliation bilatérale, sachant qu’étaient présents uniquement un seul représentant de chaque formation syndicale», dénonce le représentant du Cnapest.
La grève se poursuivra donc, au grand dam de tous. «Nous ne voulons pas en arriver là, mais ce mouvement de contestation est conditionné à l’attitude du ministère, et à son intention d’ouvrir un dialogue sérieux et constructif, loin des PV jamais honorés. Mais la grève sera illimitée si le ministre en décide ainsi», menace le Cnapest.
D’autant plus qu’un autre syndicat s’est mis de la partie, puisque le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) a entamé hier une grève reconductible chaque lundi, et compte organiser un rassemblement demain. Et si les élèves concernés ont, on s’en doute, accueilli cette journée de «repos forcé» avec joie, reste que cette grève illimitée fait peser le spectre d’un pourrissement de la situation, synonyme de retard dans l’achèvement des programmes.