Ali Benflis, avocat, ancien ministre de la Justice, ancien chef du gouvernement et candidat aux présidentielles de 2004, vient de signer un nouvel ouvrage intitulé : A ceux qui m’on fait découvrir le génie de la langue arabe, aux éditions Houma, en arabe et en français. D’emblée, Ali Benflis fait sienne cet aphorisme de l’écrivain grec, Nikos Kazantzakis : «Les meilleurs sont ceux qui savent se transformer en ponts et qui invitent leurs élèves à les franchir.» Et ce, pour rendre hommage, avec emphase et fierté, à certains de ses professeurs et enseignants du Lycée Hihi El Mekki, anciennement lycée d’enseignement franco-musulman de Constantine, de 1959 à 1964.
Ils dispensaient la tolérance, le savoir…
Par déférence, respect et acquit de conscience, Ali Benflis a voulu révérer, saluer et remercier ses enseignants, non sans vénération, sans bornes, avec émotion — on le ressent le long de sa plume fluide, mnémonique, sincère et débiteuse — et autre estime. Une considération filiale héritée de sa mère et son père vouant un respect majuscule à l’endroit de ses maîtres, dans un contexte colonial, dispensant des cours magistraux. Une pédagogie, une didactique et dialectique permettant de garder entière l’identité, la langue (arabe), la religion, le patriotisme, la culture ouverte sur les vertus cardinales universelles.
«Ces enseignants étaient engagés, rigoureux et justes. Ils ont été surtout des éducateurs et des passeurs de savoir… Un don inestimable ! Ces enseignants n’ont jamais été honorés de leur vivant... Ce livre est surtout le témoignage de leur œuvre monumentale et inestimable. Un témoignage pour l’histoire et l’honneur.» Ali Benflis présentera ainsi ses «mentors», ses pères spirituels, ses maîtres ! D’ailleurs, il consignera une lettre anachronique et posthume à ses enseignants : «A mes enseignants. A vous, mes chers enseignants, qui continuez de nous accompagner sur les chemins de ce monde d’où vous avez disparu… Acceptez cette lettre modestement composée à la manière des ‘‘mouallakates’’… Vous avez fait de nous des hommes éclairés, soucieux du devenir de la société et du monde… Respectant les fondements de l’humanité, la tolérance, la dignité, la rigueur, le savoir, le vivre ensemble... Il nous incombe, aujourd’hui plus que jamais, d’évaluer et de réfléchir avec sérieux et rigueur quant à la réalité de l’état actuel de notre système éducatif à travers ses différents paliers et à l’échelle de tout le pays.»
Mon ami, mon maître
Aussi, Ali Benflis témoignera, exprimera et formulera toute sa reconnaisance à Mostefaï Mouhoub, dit Si Abderrachid, éminent professeur de poésie arabe anté-islamique, en classe de troisième au lycée : «La noblesse de l’intelligence et le destin exemplaire.» L’enseignant poète, Cheikh Abdelkader Benmohamed : «Auteur d’une production prolixe... Il avait apporté une remarquable contribution à l’animation culturelle et artistique en sus de son talentueux enseignement.» Si Mohamed Lamrani : «Enseignant émérite et polyglotte passionné.» D’ailleurs, il sera, plus tard, recruté par Ali Benflis, alors ministre de la Justice, au service de traduction du ministère. Si Mohamed Sari : «Un enseignant plein de sagesse et de ressources.» Bouchareb Mokhtar : «Mon professeur, attentionné et affectueux.» Si Abdelkader Toumi Sayef, dit Cheikh Toumi : «Un virtuose, mon professeur de musique.» Une belle leçon de choses… de vie. Une lettre «ouverte» de Ali Benflis à son cercle de poètes disparus, mais immortels de par leur acte pédagogique magistral, où il dit simplement : «Merci pour tout… ce que vous avez fait pour moi !».
A ceux qui m’ont fait découvrir le génie de la langue arabe Ali Benflis. Edition Houma/267 pages.
K. Smail