Voici la lettre de l'IE du 22 février 2006:
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Dr. Aboubakr Benbouzid
Ministre de l'Education nationale
République d’Algérie
Par fax: +213-21 69 35 72
Bruxelles, le 22 février 2006
Monsieur le Ministre,
L'Internationale de l'Education (IE), la plus grande fédération syndicale mondiale d'éducateurs représentant plus de 29 millions de membres dans 165 pays et territoires, s'inquiète de la détérioration du dialogue social en Algérie.
Nous avons été informés par la presse de l'absence de concertation sociale suite aux différents mouvements de grève impliquant la profession enseignante dans son ensemble. En l'absence de mécanismes de conciliation, un durcissement des mouvements sociaux est à craindre.
Les revendications exprimées par la Coordination intersyndicale de l'éducation nationale (CITE) sont légitimes puisqu'elles portent sur une revalorisation des salaires et des retraites des personnels de l'éducation, la promulgation du statut des fonctionnaires de l'éducation, et la levée des entraves à l'exercice du droit syndical, dont le droit de grève.
Vous n'ignorez pas que la précarité ne cesse de s'aggraver et que l'éducation et la formation de la jeunesse sont primordiales pour le développement du pays. Or, une éducation de qualité passe par des enseignants valorisés et respectés. La paupérisation qui frappe les enseignants est inacceptable.
S'agissant des droits syndicaux, je vous rappelle que les conventions 87 et 98 de l'Organisation internationale du travail, ratifiées par l'Algérie en 1962, garantissent le droit de former et de s'affilier librement à un syndicat et le droit de négociation collective. En l'absence de mécanismes de concertation sociale, la grève devient l'unique moyen pour les enseignants et leurs syndicats d'exprimer des revendications. Obtenir des décisions de justice interdisant la grève à la veille de celle-ci et proférer des menaces de sanctions dans les médias, durcit inévitablement le mouvement social et suscite un climat peu propice à la résolution pacifique des conflits.
Je vous demande donc instamment de restaurer le dialogue avec les représentants des enseignants et de garantir le libre exercice du droit syndical.
L'IE n'hésitera pas à alerter l'ensemble du mouvement syndical international si ce conflit devait se poursuivre.
Je vous remercie de votre attention,
Fred van Leeuwen
Secrétaire général