La presse algérienne a fait état, ce matin, de l’ouverture de quatre classes de l’enseignement de tamazight dans la commune kabyle de Bordj Bou Arréridj, Djaâfra.
Le compte-rendu de la presse a fait comprendre que, « c’est une demande formulée par des citoyens de cette commune qui a poussé les autorités à mettre sur pied ces classes, à travers quatre écoles de la commune ». En précisant que les autres communes kabyles de la cette wilaya, longtemps présentée comme une région complètement acquise aux tenants de l’islamo-arabisme du pouvoir, « réclament l’ouverture d’autres classes en tamazight ».
La leçon citoyenne que nous livre la population kabyle de Bordj Bou Arréridj est pleine de sens et d’espoir. Si la réalisation et la mise sur pied de ces classes pour l’enseignement de tamazight dépend essentiellement de la volonté du pouvoir central à accéder à cette demande, mais il n’en demeure pas moins que dans le fond, c’est la Kabylité de cette région et son envie de se détacher de cet engrenage arabo-islamique où le pouvoir veut la confiner, qu’elle met en avant. C’est à travers cet engagement que ces citoyens se réapproprient leur identité et leur langue. L’amalgame, qu’on entretient depuis longtemps, le pouvoir, quant à l’identité de ces régions se dissipe devant cette volonté et cette conscience de briser les jougs de l’acculturation forcée.
Au moment où cet enseignement, et c’est une affirmation du Haut commissariat à l’amazighité, est abandonné dans plusieurs wilaya, comme Ghardaïa, Tipaza et Biskra, rien que pour cette année, une commune kabyle reprend le flambeau pour dire toute sa différence dans une wilaya sapée par l’image que le pouvoir et les tenants de l’arabisme donnent d’elle, depuis que ces communes kabyles sont liées administrativement à un espace linguistique et politique qui leur sont étrangers. Ces communes kabyles de Bordj Bou Arréridj, à savoir, Djaâfra, Zemoura et Ouled Sidi Brahim, ont, à travers cette décision de réclamer un enseignement amazigh pour leurs enfants, confirmé, on ne peut plus clair, leur attachement à leur origine kabyle.
Le pouvoir central, via ses ministères, notamment celui de l’Education Nationale, a fait de tamazight à l’école, un enseignement facultatif. Ce qui l’a relégué à un statut de langue inférieure par rapport à la langue arabe et autres langues étrangères, comme le français et l’anglais. C’est par militantisme que des parents et leurs enfants tentent, malgré les obstacles, d’entretenir la flamme de cet enseignement. Dispenses, menaces, intimidations…, tel est le lot quotidien des élèves inscrits à l’enseignement de tamazight, en dehors de la Kabylie, où les classes et les universités grouillent de monde ces dernières années.